Les sources de l'innovation

Les ouvrages d’économie présentent généralement la question des sources de l’innovation à travers un débat opposant deux modèles : selon le premier - techno-push - l’innovation serait poussée par les inventions techniques voire les découvertes scientifiques, de l’autre elle serait appelée par la demande - demand pull.

2. Le modèle techno-push

2.4. Un modèle déterministe

Le modèle techno-push est séquentiel, linéaire et déterministe : il passe nécessairement par plusieurs étapes.

L’enchainement des phases est univoque (se fait en sens unique) de la science vers la technique et vers le marché.


Le modèle techno(logy)-push : caractéristiques


C’est un modèle de l’offre et non de la demande : l’innovation nait de l’apparition d’une nouvelle ressource pour l’entreprise, l’entreprise propose cette innovation aux consommateurs qui l’adoptent ou pas.

Dans cette représentation les innovations trouvent leur origine dans la sphère de la connaissance (scientifique et technique), non dans la sphère économique (on parle d’exogénéité du progrès technique).

Le rôle de l’entreprise innovatrice est de s’approprier la connaissance pertinente et de trouver les moyens techniques d’en faire un produit qui répondra à un besoin, voire de faire naître le besoin par sa proposition nouvelle.

Dans ce modèle, le succès nait mécaniquement de la supériorité du nouveau produit (ou du nouveau procédé), il découle naturellement du progrès de la connaissance et du génie de l’inventeur.
C’est un a priori, un préjugé partagé par beaucoup d’ingénieurs.

Exemples

Le modèle techno-push rend assez bien compte de certaines innovations à fort contenu technique. La mise au point du Concorde est un bon exemple d’innovation techno-push mais aussi des limites de cette représentation : les industriels proposent (imposent ?) au marché un avion supersonique sans se préoccuper de l’intérêt de traverser l’Atlantique en 3h et assez peu des coûts économiques et environnementaux de la solution.

Cette manière de voir l’innovation justifie que l’entreprise investisse beaucoup d’une part en veille technologique pour repérer les inventions profitables, d’autre part en R&D pour concevoir des solutions techniques à partir des découvertes scientifiques ou des nouvelles technologies disponibles.

Cette représentation est aussi largement partagée par les dirigeants politiques et a souvent inspiré les politiques publiques d’innovation.

Le Concorde a beaucoup profité de l’appui des gouvernements français et britanniques. Les plus anciens se souviennent du Plan Calcul voulu par le Général De Gaulle dans les années 1960 pour développer une industrie française du matériel informatique. Elle a conduit à des études et à des programmes d’appui aux recherches sur les technologies-clés imaginées par exemple dans les années 2000 pour 2010 (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/064000771/index.shtml), .
et plus récemment pour 2020 (https://www.entreprises.gouv.fr/politique-et-enjeux/technologies-cles-2020)