Le rôle de l'innovation dans la croissance économique

C’est l’enseignement majeur des travaux de Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) :  l’innovation porte la dynamique du capitalisme. Schumpeter part des travaux de Kondratieff. Schumpeter relie ces fluctuations à l’apparition d’innovations majeures, dites de rupture au sens où elles vont profondément modifier les structures de l’économie.

2. Progrès technique et croissance

2.1. Le lien innovation-croissance

Progrès technique et croissance


Il existe un fort lien entre innovation et croissance.

Dès Schumpeter et sa destruction créatrice, l'impact de l'innovation sur la croissance est posé. Les économistes ont souvent envisagé un lien positif entre ces deux réalités. Les effets négatifs n'ont pas été négligés : la question centrale restant celle des dynamiques globales des systèmes économiques.

Progrès technique et croissance

La prise en compte de l’innovation dans les grands modèles économiques qui orientent les politiques de l’innovation est complexe.

Pourquoi ? Car il n’y a pas de causalité simple. Il ne suffit pas d’investir en recherche et développement pour obtenir une augmentation du taux de croissance. Et d’ailleurs, l’innovation, parce qu’elle est difficilement mesurable, n’a été que tardivement et progressivement intégrée dans les modélisations explicatives de la croissance.

Il a d’abord fallu les années 1950 et Robert Solow (économiste américain, célèbre pour pour sa théorie sur la croissance économique , le modèle de Solow et prix Nobel d'économie - 1987) pour qu’un premier pas se fasse par l’introduction du progrès technique dans les modèles de croissance économique.

En effet, initialement les modèles de croissance classique et néoclassique intégraient essentiellement le travail et le capital en tant que facteurs de croissance. Plus ou moins les ressources naturelles. Ces modèles avaient la propriété de générer un état stationnaire ou semi-stationnaire, c’est-à-dire un arrêt progressif de la croissance du PIB par habitant. Il apparait à mesure de l’accumulation du capital en raison des rendements décroissants sur ces deux facteurs. Après une phase de transition (plus ou moins longue) où la croissance du revenu par habitant est positive, ne subsistait à long terme qu’une croissance égale à celle de la population. Pas d’amélioration du revenu moyen, donc.

Or, les mesures effectuées par Solow de la part de la croissance expliquée par ces deux facteurs (capital et travail) montraient que cette part était toute petite. Il existait un résidu « inexpliqué », appelé en général productivité globale des facteurs. Le problème est que ce résidu représentait entre la moitié et les 2/3 de la croissance mesurée. Que faire ?

La seule possibilité pour qu’une croissance durable apparaisse dans ces modèles était d’introduire du progrès technique. Le progrès technique, c’est ce résidu (expliquant donc la moitié, voir les deux tiers de la croissance). Mais, dans la tradition classique/néo-classique, celui-ci va rester exogène à l’activité des firmes. Le progrès technique « s’impose » aux firmes. C’est à cette époque que l’usage du terme de « progrès » se répand.


Mais la croissance comme le progrès technique étant exogènes, il était impossible d’appréhender, sur le plan de la politique économique, les moyens d’influencer le taux de croissance et le taux de progrès technique. Tous deux semblaient, en quelque sorte, « tombés du ciel ».

Pour aller plus loin sur les notions de progrès et d’innovation : cette vidéo d'Etienne Klein, quel avenir pour l'idée de progrès ?