Le rôle de l'innovation dans la croissance économique

Sitio: Plateforme pédagogique de l'Université de Bordeaux (Sciences & Techno.)
Curso: Innovation : théories et pratiques
Libro: Le rôle de l'innovation dans la croissance économique
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Día: domingo, 6 de octubre de 2024, 16:19

Descripción

C’est l’enseignement majeur des travaux de Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) :  l’innovation porte la dynamique du capitalisme. Schumpeter part des travaux de Kondratieff. Schumpeter relie ces fluctuations à l’apparition d’innovations majeures, dites de rupture au sens où elles vont profondément modifier les structures de l’économie.

1. Innovation : moteur du capitalisme

Le capitalisme évolue en permanence sous l’effet de l’innovation. Les innovations sont non seulement porteuses de croissance mais, surtout, elles poussent le système productif à se transformer en profondeur.


1.1. La destruction créatrice

La destruction créatrice est le processus par lequel un nouveau modèle, porté par les innovations, se substitue au précédent.




1.2. L'entrepreneur, le monopole et le profit

L’innovation est le fait des entreprises. Pour Schumpeter, l’entrepreneur est la figure clef du processus car il incarne le « pari de l’innovation ».



1.3. les dynamiques du capitalisme

Le capitalisme évolue en permanence sous l’effet de l’innovation. Les innovations sont non seulement porteuses de croissance mais, surtout, elles poussent le système productif à se transformer en profondeur.


L’innovation, moteur du capitalisme

C’est l’enseignement majeur des travaux de Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) :  l’innovation porte la dynamique du capitalisme. Schumpeter part des travaux de Kondratieff qui identifie les grands cycles de la croissance économique selon des phases de 40 à 60 ans. Schumpeter relie ces fluctuations à l’apparition d’innovations majeures, dites de rupture au sens où elles vont profondément modifier les structures de l’économie.


A la phase ascendante du cycle économique (ou phase de croissance), correspond la période de diffusion des nouvelles innovations. La croissance économique est assurée car la demande, et donc la production, pour ce type de biens, est forte.

Progressivement, la demande baisse car les agents sont équipés et que la concurrence entre les entreprises s’accentue. Le cycle se retourne. Le phénomène est cyclique car les périodes de crise sont celles où une nouvelle vague d’innovations se prépare. 

Pour bien comprendre cette notion de cycles, nous vous recommandons

.

Au cycle correspondant à l’apparition des engins à vapeur, du fer et du coton ont succédé le cycle ouvert par les trains et les rails puis celui associé à l’électricité et à l’automobile. Le passage d’un cycle à l’autre se fait par processus de destruction créatrice. L’innovation à la source d’un cycle est nécessairement une innovation de rupture : ce n’est pas en tentant d’améliorer la bougie (innovation incrémentale) que l’ampoule électrique a été créée.

L’innovation, moteur du capitalisme


C’est l’enseignement majeur des travaux de Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) :  l’innovation porte la dynamique du capitalisme. Schumpeter part des travaux de Kondratieff qui identifie les grands cycles de la croissance économique selon des phases de 40 à 60 ans. Schumpeter relie ces fluctuations à l’apparition d’innovations majeures, dites de rupture au sens où elles vont profondément modifier les structures de l’économie.


A la phase ascendante du cycle économique (ou phase de croissance), correspond la période de diffusion des nouvelles innovations. La croissance économique est assurée car la demande, et donc la production, pour ce type de biens, est forte.

Progressivement, la demande baisse car les agents sont équipés et que la concurrence entre les entreprises s’accentue. Le cycle se retourne. Le phénomène est cyclique car les périodes de crise sont celles où une nouvelle vague d’innovations se prépare. 

Pour bien comprendre cette notion de cycles, nous vous recommandons

.

Au cycle correspondant à l’apparition des engins à vapeur, du fer et du coton ont succédé le cycle ouvert par les trains et les rails puis celui associé à l’électricité et à l’automobile. Le passage d’un cycle à l’autre se fait par processus de destruction créatrice. L’innovation à la source d’un cycle est nécessairement une innovation de rupture : ce n’est pas en tentant d’améliorer la bougie (innovation incrémentale) que l’ampoule électrique a été créée.



1.4. les cycles

La destruction créatrice est le processus par lequel un nouveau modèle, porté par les innovations, se substitue au précédent. Ce processus a, nous l'avons vu,  fait l'objet de débats passionnés sur la nature de l'innovation.

La destruction créatrice


Lors de la phase de croissance, le système productif entre dans un cycle de création d’activités. Pourquoi ? Car les nouvelles innovations génèrent des créations d’emplois. Ces créations sont supérieures aux destructions d’emplois que l’on observe dans les secteurs alors devenus obsolescents et qui sont remplacés par les innovations.

Dans la phase de récession, en revanche, les faillites d’entreprises sont plus nombreuses que les créations. Des emplois sont détruits. L’entrée dans un nouveau cycle va, elle, générer de nouvelles activités et de nouveaux emplois, mais, attention ! aux compétences bien différentes. Création, destruction ? Destruction, création. C’est le processus de destruction créatrice, essentiel, pour Schumpeter, à la dynamique du capitalisme.

Et les mutations économiques sont d’autant plus profondes et la phase de croissance est d’autant plus longue (plusieurs décennies) qu’une innovation n’arrive jamais seule mais par « grappes ». Que serait en effet l’ordinateur sans les logiciels, les périphériques ou les usages associés à la numérisation des activités économiques ? Après une innovation de rupture, d’autres innovations apparaissent, portées par la découverte initiale. Elles sont elles-mêmes porteuses de bouleversements, de création puis de destruction d’activités. Certes, ces bouleversements sont parfois moins visibles.
(En savoir plus sur la dynamique du capitalisme selon Schumpeter, c'est par ici ... )

Grâce à l’introduction des innovations, certaines entreprises (les leaders) bénéficient d’un pouvoir de marché temporaire (monopole). Ce pouvoir s’affaiblit au rythme du durcissement de la concurrence (par l’entrée sur le marché des « suiveurs »).

La destruction créatrice permet ainsi d’expliquer la transition d’un marché de monopole (le temps que les innovations soient « copiées ») à un système concurrentiel. Et inversement, d’un système concurrentiel à une situation de monopole, par l’apparition d’une nouvelle vague d’innovation. Il va toutefois sans dire que la destruction créatrice est porteuse de chômage. Car les compétences, elles aussi, deviennent obsolètes.

La question se pose alors des politiques économiques et sociales permettant d’accompagner la transition d’un cycle à l’autre. En premier lieu, en termes de formation de la main d’œuvre.



1.5. la rente d'innovation

L'entrepreneur, le monopole et le profit

L’innovation est le fait des entreprises. Pour Schumpeter, l’entrepreneur est la figure clef du processus car il incarne le « pari de l’innovation ».

L’exemple d’Henri Ford permet d’illustrer cette conception originale de l’entrepreneur, bien différente du gestionnaire d’entreprise. C’est seulement à partir du moment où la Ford T est produite que Ford devient un « entrepreneur ». La Ford T apparaît doublement comme une innovation parce qu’elle porte deux transformations importantes.

1) Elle transforme en profondeur le statut même de l’automobile qui devient, avec la Ford T, un produit de consommation de masse.
2) Elle transforme aussi en profondeur les conditions de production par l’introduction du travail à la chaîne. Ce dernier ouvrira la voie à la production de masse et se diffusera dans bien d’autres secteurs de l’économie. 
Voir la vidéo:
 

Le qualificatif de « fordisme » sera utilisé pour désigner le régime de croissance d’après la seconde guerre mondiale caractérisé par la rencontre d’une demande et d’une production de masse. C’est parce que l’entrepreneur fait ce pari risqué que profit et monopole se justifient. Le profit est la rémunération de l’initiative prise par l’entrepreneur dans un contexte d’incertitude. En effet, on ne peut pas savoir à l’avance si l’innovation sera couronnée de succès ou vouée à l’échec.  La justification du profit que nous offre Schumpeter est originale. Elle s’oppose aux deux lectures traditionnelles. A celle des auteurs classiques - qui y voient la rémunération des efforts productifs notamment en capital. Et à celle de K.Marx qui y voit la confiscation, par les rentiers, de la plus-value, le fruit du travail des salariés. Le profit généré par l’innovation peut être réinvesti (et le monopole devenir durable par l’introduction de nouvelles innovations) ou pas (et le monopole n’est alors que temporaire). Schumpeter considère en effet que les monopoles nés de l’innovation sont nécessaires au processus. Le profit généré durant cette phase agit comme une incitation à innover, une motivation à prendre des risques. Cette question sera développée dans le chapitre suivant avec l’analyse de la propriété intellectuelle, de l’appropriation et la diffusion de l’innovation. 


2. Progrès technique et croissance

Il existe un fort lien entre innovation et croissance.

Dès Schumpeter et sa destruction créatrice, l'impact de l'innovation sur la croissance est posé. Les économistes ont souvent envisagé un lien positif entre ces deux réalités. Les effets négatifs n'ont pas été négligés : la question centrale restant celle des dynamiques globales des systèmes économiques.

2.1. Le lien innovation-croissance

Progrès technique et croissance


Il existe un fort lien entre innovation et croissance.

Dès Schumpeter et sa destruction créatrice, l'impact de l'innovation sur la croissance est posé. Les économistes ont souvent envisagé un lien positif entre ces deux réalités. Les effets négatifs n'ont pas été négligés : la question centrale restant celle des dynamiques globales des systèmes économiques.

Progrès technique et croissance

La prise en compte de l’innovation dans les grands modèles économiques qui orientent les politiques de l’innovation est complexe.

Pourquoi ? Car il n’y a pas de causalité simple. Il ne suffit pas d’investir en recherche et développement pour obtenir une augmentation du taux de croissance. Et d’ailleurs, l’innovation, parce qu’elle est difficilement mesurable, n’a été que tardivement et progressivement intégrée dans les modélisations explicatives de la croissance.

Il a d’abord fallu les années 1950 et Robert Solow (économiste américain, célèbre pour pour sa théorie sur la croissance économique , le modèle de Solow et prix Nobel d'économie - 1987) pour qu’un premier pas se fasse par l’introduction du progrès technique dans les modèles de croissance économique.

En effet, initialement les modèles de croissance classique et néoclassique intégraient essentiellement le travail et le capital en tant que facteurs de croissance. Plus ou moins les ressources naturelles. Ces modèles avaient la propriété de générer un état stationnaire ou semi-stationnaire, c’est-à-dire un arrêt progressif de la croissance du PIB par habitant. Il apparait à mesure de l’accumulation du capital en raison des rendements décroissants sur ces deux facteurs. Après une phase de transition (plus ou moins longue) où la croissance du revenu par habitant est positive, ne subsistait à long terme qu’une croissance égale à celle de la population. Pas d’amélioration du revenu moyen, donc.

Or, les mesures effectuées par Solow de la part de la croissance expliquée par ces deux facteurs (capital et travail) montraient que cette part était toute petite. Il existait un résidu « inexpliqué », appelé en général productivité globale des facteurs. Le problème est que ce résidu représentait entre la moitié et les 2/3 de la croissance mesurée. Que faire ?

La seule possibilité pour qu’une croissance durable apparaisse dans ces modèles était d’introduire du progrès technique. Le progrès technique, c’est ce résidu (expliquant donc la moitié, voir les deux tiers de la croissance). Mais, dans la tradition classique/néo-classique, celui-ci va rester exogène à l’activité des firmes. Le progrès technique « s’impose » aux firmes. C’est à cette époque que l’usage du terme de « progrès » se répand.


Mais la croissance comme le progrès technique étant exogènes, il était impossible d’appréhender, sur le plan de la politique économique, les moyens d’influencer le taux de croissance et le taux de progrès technique. Tous deux semblaient, en quelque sorte, « tombés du ciel ».

Pour aller plus loin sur les notions de progrès et d’innovation : cette vidéo d'Etienne Klein, quel avenir pour l'idée de progrès ?


2.2. Les modèles de croissance endogène

Dans les années 80, les prix Nobel d'économie Paul Romer et Robert E. Lucas montrent qu'il existe des facteurs endogènes à la croissance économique. 

Le progrès n’est plus alors exogène, l’innovation devient le fait des firmes. Le progrès technique est un facteur de croissance économique sur lequel les politiques peuvent agir.


2.3. Les travaux de Romer et Lucas


Dans les années 80, les prix Nobel d'économie Paul Romer et Robert E. Lucas montrent qu'il existe des facteurs endogènes à la croissance économique.  

Le progrès n’est plus alors exogène, l’innovation devient le fait des firmes. Le progrès technique est un facteur de croissance économique sur lequel les politiques peuvent agir.

Les modèles de croissance endogène


A la fin des années 1980, Paul Romer et Robert E. Lucas initient les modèles, dits de « croissance endogène », dans lesquels le progrès technique devient un facteur déterminant de la croissance (voir aussi les travaux plus récents de P.Aghion et P.Howitt -1992).

De nouvelles sources de croissance sont alors intégrées, à côté du capital et du travail : l'amélioration de la formation, la production de nouvelles connaissances et le capital humain.

Mais l’une des propriétés importantes de ces modèles dits de croissance endogène, c’est que l’équilibre spontané n’est pas forcément optimal. Dit autrement, en laissant faire le marché, il risque d’exister un sous-investissement en innovation par rapport à ce qu’il serait nécessaire pour maximiser le bien-être collectif. Cela s’explique par le fait que les connaissances génèrent des externalités positives, c’est-à-dire qu’elles bénéficient à tout le monde, mais que ceux qui les créent ne sont pas forcément rémunérés suffisamment pour leur effort, car l’appropriation des connaissances est difficile. On dit que ce sont des biens publics. Un bien public est un bien collectif, qui ne disparaît pas pour les autres consommateurs lorsqu’il est utilisé par un consommateur (on parle de non-rivalité), et dont on ne peut exclure l’usage des autres.

De plus, une connaissance ne disparaît pas quand elle est utilisée et il est difficile d’empêcher quelqu’un de l’utiliser. Dans ces conditions, les agents privés n’auront pas d’incitations à investir en connaissance, car ils ne pourront faire payer pour l’usage de ces connaissances.

Rappel sur les biens publics

Un bien public est un bien ou un service dont l’utilisation est non-rivale et non-exclusive. Ainsi  la défense nationale est un archétype de bien public.
Les biens publics présentent deux propriétés économiques :

non-rivalité : la consommation du bien par un agent n’a aucun effet sur la quantité disponible de ce bien pour les autres individus, par exemple, le fait que de respirer ne prive pas les autres d'air. Les agents ne sont pas « rivaux » pour sa consommation. Autre exemple: le fait qu'un automobiliste regarde un panneau de circulation n'empêche pas un autre de le faire.

non-exclusion : une fois que le bien public est produit, tout le monde peut en bénéficier (on ne peut pas interdire, exclure de l’usage). Exemple d'exclusion : le prix demandé peut interdire l'accès à une plage privée, à des vacances ou à des produits alimentaires de base comme la viande, les produits frais, les loisirs, les soins. Ceux qui ne peuvent pas payer sont exclus.


Nous devons cette distinction à Paul Samuelson, la théorie des biens publics ("The Pure Theory of Public Expenditure'', 1954). La notion de bien public est l'une des quatre catégories issue du découpage selon l'exclusion et la rivalité, les trois autres étant le bien de club (non-rival mais exclusif), le bien commun (rival mais non-exclusif), et le bien privé (rival exclusif).

Cette sous-optimalité ramène à la question de la politique économique pour inciter à l’innovation que nous verrons dans le dernier chapitre.



2.4. Les théories néo-schumpétériennes de la croissance

A la suite des travaux initiaux de Joseph Schumpeter, de nombreux auteurs ont essayé d’approfondir sa théorie des cycles d’innovation et de croissance [augmentation sur longue période de la production nationale, mesurée par un indicateur comme le Produit Intérieur Brut]  et ses intuitions concernant les processus d’innovation, en suivant les unes ou les autres de ses idées. C’est en particulier l’idée de grappes d’innovation et des processus de destruction créatrice qui a retenu l’attention. 



2.5. Politique et innovation

Le changement majeur des politiques économiques depuis les années 80 est l'importance qui va être accordée aux politiques de soutien à l'innovation qui touchent de très nombreux domaines de la vie économique.

De la formation au soutien aux entreprises et à la recherche privée ou publique, les politiques d'innovation sont au cœur de la décision politique.