Les modèles traditionnels de diffusion

Qu’il s’agisse de définir l’innovation ou d’analyser ses effets sur la croissance économique, les économistes - nous l’avons vu - mettent au premier plan la nécessaire propagation de la nouveauté dans l’économie et la société.

3. Les autres modèles d'adoption

3.1. Des seuils pour adopter

Les modèles d’adoption les plus simples et les plus connus s’intéressent aux innovations de processus et à leur adoption par les entreprises.

Ils font l’hypothèse que les entreprises ont des tailles différentes, que les adoptants tirent de l’innovation des bénéfices proportionnels à leur taille mais que les coûts d’adoption de la nouvelle technologie (achat et installation, apprentissage, etc) sont les mêmes pour des entreprises de taille différente : on parle d’« indivisibilité » du coût d’adoption.

Il découle de ces hypothèses qu’à chaque instant, seules les entreprises au-dessus d’une «dimension critique» adoptent la nouvelle technologie, parce que la dimension détermine la profitabilité de l’adoption ; il existe une taille minimale pour que les bénéfices qu’on tire de l’adoption en compensent le coût.
Les non adoptants attendent soit une augmentation des bénéfices d’adoption soit une réduction des coûts, c’est-à-dire une diminution de la dimension critique de l’adoption. Si la dimension critique ne baisse pas, il n’y aura pas de diffusion. Ceci explique la non diffusion de certaines technologies prometteuses a priori. Mais dans beaucoup de cas la diffusion s’opère. Pourquoi ? Parce qu’il existe des mécanismes économiques endogènes au phénomène de diffusion qui l’auto-entretiennent.

L’avantage cumulatif de l’adoption


Il y a surtout les économies d’échelle et d’apprentissage que les fournisseurs réalisent avec la hausse des ventes de leurs produits.

Ces économies permettent une baisse du prix de l’innovation donc une réduction du coût de l’adoption et de sa dimension critique.

La courbe d’apprentissage est aussi qualitative : les fournisseurs améliorent leurs produits, leur système de production et même leur capacité à informer et à convaincre. On peut parler de processus circulaire : plus de diffusion, c'est plus d’expérience accumulée par les fournisseurs, donc une baisse des prix et une hausse des performances conduisant à une baisse de la dimension critique qui augmente la diffusion, l’expérience des fournisseurs, etc.

Ce processus mis en évidence pour l’adoption des technologies par les entreprises peut être appliqué aux nouveaux produits de consommation et aux ménages. On retrouve là un phénomène bien connu modélisé, par exemple, par Raymond Vernon dans sa conception du cycle du produit.