Les modèles traditionnels de diffusion

Qu’il s’agisse de définir l’innovation ou d’analyser ses effets sur la croissance économique, les économistes - nous l’avons vu - mettent au premier plan la nécessaire propagation de la nouveauté dans l’économie et la société.

1. Le modèle de diffusion des innovations

1.1. Le temps de diffusion


La réflexion sur la diffusion des innovations est marquée à partir des années 30 par l’étude des sociologues ruraux américains de la diffusion du maïs hybride dans les différents états. Un constat s’impose : quel que soit l’état concerné et la période de diffusion, la croissance de la part des semences hybrides dans les cultures suit une courbe en forme de S (« sigmoïde » pour les mathématiciens).

On retrouve cette même forme de courbe quand on observe l’évolution du taux d’équipement des ménages en équipements modernes.

La forme de ces courbes n’est pas sans rappeler celles observées lors de la propagation des virus dans une population, d’où le qualificatif d’épidémique donné aux modèles qui représentent par une courbe sigmoïde la diffusion des innovations dans la population, qu’il s’agisse de ménages ou d’entreprises.
Source : Thomas Guiraud, Bordeaux Science Agro - Évolution de la mortalité - Virus Ebola

Le parallèle est compréhensible si l’on admet que la diffusion est essentiellement un problème d’information : l’adoptant contamine son environnement de la même manière que le porteur de virus. Il s’agit d’un phénomène endogène au processus de diffusion, il doit tout à des canaux de diffusion interne, c'est le phénomène du bouche-à-oreille.


La vitesse de diffusion est très variable, elle dépend de la sensibilité des adoptants potentiels et de l’attractivité de l’innovation, un peu comme la propagation de l’infection dépend de la virulence de la maladie et de la capacité des porteurs à lui résister.

Cela conduit à des courbes plus ou moins plates : si l’on revient au graphique, on voit que la radio ou le micro-ondes se sont imposés plus rapidement que le téléphone ou la machine à laver.
La forme en S des courbes est, elle, la conséquence d’un phénomène plus généralisé : les premiers adoptants sont peu nombreux et mettent du temps à convaincre de nouveaux adeptes, puis la diffusion augmente rapidement avec la croissance continue du nombre d’adoptants.

Au bout d’un certain temps, cependant, le phénomène se ralentit, la part du nombre de convaincus est telle qu’il devient difficile de trouver de nouveaux adoptants, l’aplatissement de la courbe traduisant un phénomène de saturation du marché.