Les formes complexes de l'innovation

Joseph Schumpeter, célèbre économiste autrichien, a influencé et influence encore les théories économiques de l'innovation. Ces travaux sont aujourd'hui remis au goût du jour avec de nouvelles théories et de nouveaux concepts dus notamment à l'évolution technique et technologique.

3. Créativité, apprentissage et production de connaissances

3.1. Créativité et connaissances

L’innovation renvoie à la créativité. Les économistes s’intéressent à ce concept à travers la notion d’économie créative.

L’innovation est souvent vue comme le seul fait des firmes mais en insistant sur la créativité, on retrouve l’individu.

Créativité, apprentissage et production de connaissances

On dit que la créativité est l’étincelle de l’innovation. Albert Einstein disait une phrase importante « avec la créativité c’est l’intelligence qui s’amuse ».

Ceci était déjà souligné par Joseph Schumpeter : le terme d’entrepreneur innovateur comprenait l’ensemble des personnes innovantes dans la société. Ce terme est aujourd’hui employé de façon plus circonscrite et est lié à l’entrepreneuriat. Il existe en fait deux visions complémentaires de la créativité.

  • Une vision qui considère celle-ci comme un processus autonome et lié à des caractéristiques particulières des individus « créatifs » : personnalité, autonomie, …
  • Une vision plus combinatoire qui définit la créativité comme la possibilité de combiner des idées incompatibles ou de combiner des disciplines entre elles. C’est la vision d’Herbert Simon.

Les connaissances sont le carburant de l’innovation.

L’innovation est fondée sur la connaissance et le fait que nous participons à une « Économie de la Connaissance » (Dominique Foray 2000). Ce terme met en évidence l’importance du capital humain dans l’innovation (éducation), sur les biens immatériels et sur l’innovation comme moteur des dynamiques économiques.

On distingue deux types de connaissances depuis Michael Polanyi (« Nous savons toujours plus que nous savons dire », 1966) : Il distingue les connaissances tacites des connaissances explicites.

  • Les connaissances tacites ou « connaissances implicites » sont souvent relatives au vécu personnel. Elles regroupent des compétences innées ou acquises, le savoir-faire et l'expérience et sont généralement difficiles à verbaliser ou à « formaliser » par opposition aux connaissances explicites. Les échanger est plus difficile et peut nécessiter un face à face entre des individus. Les transferts peuvent aussi être difficiles notamment lors des départs des individus qui les détiennent.
  • Les connaissances explicites ou codifiées, par opposition aux connaissances tacites. Ce sont des connaissances clairement articulées sur un document écrit ou dans un système informatique. Ces connaissances sont transférables physiquement et il est possible de les stocker ou de les reproduire.

Comment sont produites les connaissances dans une société ?

La production de connaissances par une société va dépendre : de l’incertitude importante liée à la nature des connaissances scientifiques, de l’aversion des acteurs au risque, des structures sociales, de l’encadrement moral et juridique de la recherche, des politiques publiques de soutien à la recherche et à l’innovation et des institutions qui jouent un rôle central dans la production de connaissances, des régimes d’incitations qui vont encadrer la propriété intellectuelle, et des vecteurs de diffusion des connaissances comme Internet.

Il est nécessaire aussi d’apprendre pour innover. L’apprentissage de nouvelles connaissances joue donc un rôle essentiel pour innover. On distingue alors : 

  • l’apprentissage par exploration : l’entreprise recherche dans de nouveaux domaines. Ce type d’apprentissage peut permettre d’explorer de nouveaux domaines par expériences successives; 
  • l’apprentissage par exploitation : l’entreprise poursuit des trajectoires passées en cherchant à les améliorer. Cet apprentissage peut être routinier. Il est à la base d’une courbe d’apprentissage qui fait augmenter la productivité avec l’expérience.