Adoption et compétition technologique

Beaucoup d’innovations ne dépassent pas le stade du projet, beaucoup d’inventions ne rencontrent jamais leur public. D’autres, après un début de notoriété, disparaissent du fait du succès d’autres innovations concurrentes. Une innovation ne se développe pas de manière isolée ; certaines périodes au contraire voient se multiplier les solutions nouvelles à des problèmes donnés. Ce chapitre abordera la compétition entre innovations, entre innovations techniques en particulier.

3. La guerre des standards

3.3. Une histoire qui se répète, que faire ?

La compétition technologique semble conduire les marchés à attirer prématurément l’industrie vers une standardisation « de facto » : est-ce le bon choix ? Le mauvais ?

Mini-Disc contre CD, MAC face à PC, ok ok. L’histoire ne cesse de se répéter ! Que fait l’Etat, ce gendarme de l’intérêt collectif ?

Alors que nous sommes en présence d’une situation de défaillance de marché (où le seul jeu du marché ne permet pas d’aboutir à la meilleure solution). David a étudié le rôle de l’État pour enrayer les guerres des standards et, surtout, éviter que le progrès technique se concentre sur une solution sous-efficiente.
Résultat ? L’action de l’État arrive soit trop tôt, soit trop tard.

Trop tôt lorsque l’État intervient au début du processus. Il est trop tôt car l’information nécessaire à la prise de décision n’est pas encore disponible. Le temps que l’information se révèle, il devient trop tard pour agir. Car ce temps est celui pendant lequel se joue la compétition entre les acteurs. Celle qui voit s’établir les standards sur des solutions parfois sous-optimales. Et la possibilité du verrouillage, sans qu’il soit toujours possible d’envisager un « retour en arrière », c’est-à-dire de renverser la standardisation.

Fin du suspens, l’exemple pris est celui du clavier QWERTY (AZERTY pour les frenchies). L’ordre des lettres a été optimisé à l’époque des machines à écrire, pour que les touches s’entremêlent le moins souvent possible (d’où moins d’usure, moins de maintenance et plus d’efficacité). Avec le passage au clavier alphanumérique, rien n’imposait que l’on maintienne cet ordre et l’alternative DVORAK, alors plus efficace, aurait pu remplacer les claviers QWERTY. Rien, si ce n’est que l’apprentissage (par l’usage) acquis sur le clavier QWERTY rend les coûts de changements trop importants. Il faudrait non seulement remplacer l’intégralité du parc mais radicalement condamner plusieurs générations par l’édiction de nouvelles règles de dactylographie, reconcevoir l’ensemble des fonctionnalités des logiciels etcetera, etcetera. La liste est longue !