Financement de l'innovation et rôles des institutions financières

4. Les financements en equity

4.1. La complexité des marchés boursiers

De nombreuses études montrent clairement que le volume de R&D des firmes, notamment les plus grandes, dépend de leurs ressources internes (cf. Hall & Lerner, 2010). Mais cela suppose donc d’avoir déjà une surface financière suffisante ce qui exclut les plus petites entreprises.


Cependant depuis quelques décennies des formes spécifiques de financement sont apparues en equity (capitaux propres) comme les fonds de capital-risque (venture capital) et les marchés boursiers dits « alternatifs ».

  • Le capital-risque est un intermédiaire financier qui soutient les projets de PME innovantes en apportant une aide technique, organisationnelle et managériale aux innovateurs, en mobilisant ses relations, en recherchant des financements extérieurs et en investissant lui-même via une participation aux capitaux propres.

Il sélectionne les projets à fort potentiel, puis investit en capitaux propres dans la société tout en participant à sa gouvernance. Son investissement se veut assez long pour que l’entreprise entre sur le marché boursier ou soit rachetée, pour qu’il puisse ensuite revendre les actions qu’il possédait de la société et ainsi se rémunérer. Il faut noter que du fait du très haut risque de ces projets, ces investisseurs diversifient leur portefeuille pour gérer le risque en espérant qu’une « pépite » très rentable permettra de compenser les pertes engendrées par tous les projets qui ont échoué (on parle d’1 projet rentable sur 10 quand tout va bien).
Le plus souvent, les fonds n’investissent pas dans la phase initiale (dite essaimage ou amorçage où ce sont plutôt des business angels qui interviennent), mais plutôt à partir du stade du développement, ou à une étape intermédiaire entre l’amorçage et le développement, car ils exigent des signaux crédibles comme des brevets, qui pourront servir de contrepartie en cas d’échec. On a pu mettre à l’actif de ses fonds de capital-risque beaucoup des succès de la Silicon Valley, et plus généralement, des éco-systèmes de start-ups (jeunes pousses).

  • Autre innovation : le développement de marchés boursiers spécialisés sur les entreprises innovantes ou plutôt sur les petites entreprises à forte croissance, moins réglementés que les Bourses traditionnelles, et permettant ainsi de faire de levées de fonds en capitaux propres lors des introductions en Bourse (IPO). 

C’est dès 1971 qu’apparait aux Etats-Unis le NASDAQ, le premier et aujourd’hui encore le plus grand marché électronique d'actions du monde. Constitué au départ pour servir d’antichambre au New York Stock Exchange (Wall Street), il a rapidement accueilli l’ensemble des entreprises naissantes de l’informatique et de l’Internet et des biotechnologies et est devenu une porte de sortie privilégiée pour les fonds de capital-risque.
La spécificité du NASDAQ est une moindre exigence par rapport aux critères d’éligibilité habituels des grandes places boursières : taille minimale, nombre d’exercices bénéficiaires, divulgation d’informations comptables, etc.
Ces caractéristiques ont été imitées dans plusieurs pays européens dès la fin des années 80, comme l’Alternative Investment Market au Royaume-Uni, ou en 1996 en France avec la création du Nouveau Marché, devenu depuis Alternext et le Marché libre (2005), puis Euronext Growth et Euronext Access+.