Pourquoi innover ?

2. Le processus d'innovation est coûteux et risqué

2.3. L’obligation à innover



La pression des concurrents directs est évidemment la raison essentielle de cette obligation d’innover qui se confond avec l’obligation de rester compétitif.
Mais d’autres déterminants poussent aussi l’entreprise à innover « malgré elle ». Les fournisseurs modifient leur catalogue en incorporant des nouvelles technologies, les partenaires commerciaux, bancaires, financiers imposent des obligations techniques à l’entreprise, etc.
De même l’évolution de la réglementation peut imposer certaines innovations dans les caractéristiques du produit ou du process. Les réglementations européennes concernant l’hygiène, la sécurité ou la traçabilité ont par exemple contraint l’ensemble de l’industrie, de l’artisanat et du commerce agro-alimentaires à se moderniser sous peine de ne plus pouvoir exercer leur activité. La sévérisation des normes environnementales contraint aussi à des modifications de produits ou de process, comme le programme européen REACH pour la chimie.
Ainsi la grande majorité des entreprises, en particulier des PME s’adaptent à des innovations conçues et développées par d’autres. Elles se comportent en imitatrices, en suiveuses voire en suivistes.
Peut-on pour autant parler d’innovateurs « passifs » ? Pas vraiment.

De l’adaptation à l’hybridation


L’adoption est toujours une adaptation et s’adapter demande des efforts et une activité – même réduite – d’innovation. La technologie nouvelle, la modification du produit va exiger une évolution du process de production, de l’organisation du travail, de la structure de compétences de l’entreprise.
Cette adaptation est à l’origine d’un phénomène d’hybridation - pour reprendre le terme cher à Robert Boyer – phénomène qui peut lui-même être source d’innovations importantes, parfois radicales.
Dans ses mémoires, l’ingénieur Taiichi Ohno explique que le Toyota Production System ne cherchait pas à innover radicalement mais simplement à appliquer à la lettre les principes d’Henry Ford dans le contexte particulier de l’industrie japonaise des années 50. Une adaptation qui fut pourtant à l’origine d’une révolution majeure de l’organisation du travail, le « toyotisme ».

De la même manière des entreprises qui aujourd’hui innovent pour s’adapter au contexte peuvent dans le cours de ce processus d’adaptation et d’apprentissage développer des compétences qui pourront peut-être faire d’elles les innovateurs radicaux de demain.