Dynamiques concurrentielles et de coopération

1. La concurrence: aiguillon des innovations

1.3. L'innovation favorisée par de grandes ou petites entreprises innovantes ?

On a dit précédemment que Schumpeter avait évolué passant d’une exaltation d’une économie de petits entrepreneurs-innovateurs à l’idée que les grandes entreprises oligopolistiques avaient la capacité d’innover de façon routinière via de grands centres de R&D. Voilà pourquoi, on parle d’un Schumpeter I et Schumpeter II.

En matière d’innovation le regard des partisans de la concurrence et de la petite taille se porte sur les déséconomies d’échelle engendrées par la moindre incitation des chercheurs au sein de structures de recherche bureaucratisées, sur la plus grande capacité de réaction et d’adaptabilité des petites firmes, sur la plus grande plasticité organisationnelle des PME qui adaptent leur structure à l’innovation.

De même, on peut mettre en avant le fait que les start-ups étant contrôlées par un entrepreneur qui prend un risque, elles seraient mieux gérées. Certes l’importance des start-ups dans la révolution du numérique ou des biotechnologies vient conforter cette certitude que la forte concurrence et la taille réduite des entreprises sont des conditions favorables aux innovations. Mais à l’opposé, les partisans de la grande entreprise ont aussi quelques arguments. Ceux qui voient dans la constitution d’oligopoles voire de monopoles un phénomène favorable aux innovations peuvent aussi avancer un certain nombre d’arguments convaincants.

Les économies d’échelle liées à la taille de l’organisation jouent un rôle essentiel à deux niveaux.

D’abord, la taille des équipes de R&D peut avoir une influence sur leur productivité, du fait de la multiplication des échanges en face à face entre chercheurs et de l’attractivité qu’exercent les grands laboratoires sur les chercheurs les plus talentueux.
Une grande entreprise est souvent plus diversifiée en termes de compétences qu’une PME et a donc plus de moyens d’exploiter efficacement les résultats inattendus de l’innovation.
Enfin, la grande entreprise a une plus grande capacité à rentabiliser ses investissements en R&D répartissant les coûts fixes qu’ils constituent sur un volume très supérieur de ventes. On peut aussi observer des économies de gamme par mutualisation des investissements entre projets de recherche.